Pourquoi écrire?
Appellez-moi comme vous l'entendez, modelez-moi comme vous le voulez. Je n'existe pas, à vous de me créer.
No Name est une fille sans nom. Sans famille, sans amis… Sans rien aux yeux de tous. Il aurait donc été logique qu’elle soit une fille sans histoire… Mais No Name est sans logique.
Non? Non. Non…
No Name. Sans nom. C’est ça mon nom. Ironique, comme tout ce qui me touche. Il est possible que je sois l’ironie même. Pourquoi pas. Mais non, parce que je ne suis rien. Aux yeux de tous en tout cas. Je n’ai rien à ce qu’on dit. En plus d’un nom qui fait juste croire que j’en ai un, je ne possède rien. Pas même le rien lui-même. Même lui je ne le mérite pas il semblerait. Je n’ai ni famille, ni amis, ni sentiments… Je n’ai pas de physique non plus. Juste un faux qui fait semblant d’en être un. Je suis une fille il parait, mais il n’y a aucune preuve à ça. Peut être est-ce juste dû à mes cheveux mi-long. Ou mi-court? Je n’ai pas d’amis, j’ai dit. Même pas une ombre pour me tenir compagnie. Je suis seule avec moi-même. Alors je m’invente des choses. La première invention fut un nom. Et un autre. Et encore un autre. Et j’en ai tant à ce jour… Mais je n’ai jamais eu de surnom. Je suis seule, ce devrait être triste. Mais je n’ai pas de sentiments qu’ils disent. Je ne sais pas. Je m’en fiche. De toute façon qu’est-ce que ça change d’avoir des sentiments ou non? J’attend juste que les jours passent. Je regarde. Mais pas avec mes yeux. Parce que je n’ai pas d’yeux. Juste deux trous. Des orbites. Les deux trous qui servent à contenir les deux yeux qu’on les autres. J’ai des orbites, mais ils ne possèdent rien. Ils n’ont même pas d’yeux pour leur raconter ce qu’ils voient. Pourtant je vois. Mais ça n’a rien d’étrange. Je ne peux pas être étrange si je ne suis rien. Ma peau et noir. Mais pas noir comme les noirs dont parlent les gens. Les noirs qui sont marrons. Non, ma peau à moi est vraiment noir, d’un noir profond. Encore plus noir que les tubes de peintures noir. J’ai les os sur la peau. Pas la peau sur les os. Ce que je veux dire c’est qu’on les voient. Oui. Ils sont d’un blanc encore plus blanc que le linge blanc. Ça contraste avec la couleur de ma peau. Tout en moi est un contraste. On voit mes os, mais ils ne sont pas pareil que ceux des autres qu’on ne voit pas, comme leurs orbites cachés par leurs yeux. Mes os à moi sont schématisés. Je n’ai pas de cage thoracique, juste quatre os bien distincts de chaque cotés. On voit mon coccyx. Mais même lui est différent de celui des autres. J’ai comptée. J’ai 25 os en tout. Un seul dans chaque pieds. Aucuns dans les mains. La forme de mon corps est différente elle aussi de celle des autres. Mes doigts sont petits. Les autres peuvent plier en trois leurs doigts. Pas moi. Pas même une seule fois. Parce que mes doigts font la taille d’une des trois parties du doigt des autres. J’ai un cœur aussi. Mais lui aussi est différent. Il contient du sang. Et c’est la seule chose qui en contient chez moi, n’ayant pas de veines. Il essai souvent de se faire la malle. Parfois je me rend compte qu’il a disparue et doit me mettre à sa recherche. Mon cœur a une forme de cœur. Pointue en bas, et deux ronds en haut. Comme ceux que dessinent les enfants. Mais pas comme celui des autres. Et il est plus rouge que le sang lui-même. Mes cheveux ont la teinte de mes os, mes orbites et ma bouche. Bouche qui n’en est pas réellement une. Elle n’est visible que quand je l’ouvre, pour parler. Seulement pour parler. Parce que je ne mange pas. J’ai une silhouette qui pourrait ressembler approximativement à celle des autres. Mais je suis différente. Je n’ai pas vraiment de formes.
Parfois les gens s’arrêtent quand ils me voient dans la rue. Mais on s’habitue vite il parait. Ce n’est pas si incroyable que ça.
J'avais écris ça une fois. Rapport, ou pas. C'est sans histoire, et pourtant il y a de ça. Le paradoxe me va bien.